S'aimer assez pour être "cadeau".
Très tôt je me suis pris dans mes propres ficelles. Je suis resté longtemps noué, serré, comprimé, emmêlé, scotché, coincé dans le coin où l'on m'avait posé, sage, raide, carré, tiré à quatre épingles.
J'étais de ceux-là qui ne se sont pas dépliés, déficelés.
J'étais de ceux-là qui soigne tant la présentation qu'ils passent un temps fou à dépoussiérer, à se laver, à se couvrir d'huile pour se teinter au soleil et à garder la bonne forme. J'étais de ces malades du moindre pli, du moindre bourrelet...
"Celui-là, c'est pas un cadeau."
Voilà ce que j'ai par hasart entendu dire, et cela dans mon dos, moi qui avais pourtant tout fait pour ressembler à un beau paquet-cadeau.
Est-ce la part d'adolescence en moi ou l'envie de la contestation qui m'a fait dire aussitôt: "C'est faux, je suis un cadeau et un cadeau merveilleux. C'est vrai, mon plus beau cadeau, c'est moi".
A partir de ce jour, j'ai découvert que pour être un cadeau pour les autres, il fallait que je le sois peut-être d'abord pour moi-même.
Alors je me suis invité et j'ai ouvert chez moi, je suis entré à l'intérieur, je me suis dit "bonjour" et j'ai habité chez moi.
Je me suis accueilli de mes propres mains.
J'ai pris le temps de laisser chanter mon souffle.
J'ai écouté murmurer en moi ma petite musique, de jour comme de nuit.
Je me suis offert un ceadeau à moi-même... et je me suis moqué de moi.
Je suis orti et j'ai invité des amis à partager ma joie.
Mais depuis cette fête, que de questions !
Qui m'a fait ce cadeau que je suis ?
Pourquoi ?
Qui passe sa vie à faire des cadeaux ?
certains ne sont jamais ouverts, pourquoi ?
Faut-il toujours un autre pour les ouvrir ?
Quelqu'un a dit un jour d'aimer l'autre comme soi-même.
Le "comme" est le chemin que je cherchais. Celui-là a tout compris, je crois.
Texte composé par un jeune.